KAIAPÓ
Hétérotopie : un ensauvagement de la ville ?
Mirian Joenck Rodrigues
A l’appui de mes origines brésiliennes et indigènes tupi Guarani, j’ai dessiné un ensauvagement des lieux d’attente fonctionnels en ville pour nous faire voyager en hétérotopie le temps d’un interstice (ici l’arrêt de bus). Pour moi le vrai challenge pour le designer c’est de déclencher des hétérotopies dans la vie quotidienne, c’est précisément là où on en a le plus besoin car notre quotidien embrasse totalement le pouvoir en place.
Je suis guidé par mes souvenirs paysagers et sensoriels de la forêt. Ainsi que par la mémoire de mes ancêtres indigènes Animistes et Totémistes qui m’as toujours profondément touché. Aujourd’hui je me demande quels compagnons peuvent nous réconforter pendant l’attente. J’ai utilisé l’archétype de l’abribus comme une trame autour duquel je déconstruis cette trame pour faire du dispositif un paysage, un lieu à part entière, un territoire de l’attente. On passe de la chaise de l’abribus qui n’est pas adaptable à une saturation des actions possibles. Une surabondance des actions et des couleurs pour célébrer une vie abondante, ce qui n’est aujourd’hui pas toléré en ville occidentale.
J’ai créé un bestiaire que j’appelle IÀPUPÔS qui veut dire en Tupi guarani parasites. L’ensemble des bêtes se rassemblent en microcosmes urbains formant ainsi KAIAPÓ qui remplace quatre abribus dans la ligne 167 à bois colombes. On retrouve deux définitions de KAIAPÓ dans une des tribus cela veut dire homme-singe et dans l’autre cela veut dire vie et rêve qui ne sont pas deux choses distinctes mais qui veulent dire la même chose. Je vois KAIAPÓ comme une cabane qui incarne mes souvenirs dans laquelle chacun est invité à s’abandonner dans le rêve de se réincarner dans un animal et à son tour créer sa propre histoire.
